Le Chesnois-Auboncourt   

Le Chesnois à la fin du 19ème

préambule

Ce premier extrait de livre m'a été donné sous la forme d'une photocopie. Hélas, je ne dispose ni de son titre, ni de sa date d'édition. Toutefois, quelques indications dans le texte laissent à penser qu'il fut écrit entre 1885 et 1914, sans doute sous la forme d'un annuaire de villages...

La mise en page et la ponctuation sont respectées

texte original

CHESNOIS-AUBONCOURT. - H., 481. - E., 151. - D. Cf, 13. -
D.A., 19. - D. D.;, 27. - Hect., 471 - B. P., Saulces-Monclin. - F., les
mercredis qui précèdent la Passion, la Sainte-Marguerite et la Tousaint. -
F.L., le dimanche qui suit la Sainte-Margueritte. - Cie P. - B. B. - Les deux
villages sont assis dans une vallée fort encaissée où coule le ruisseau de Foivre,
et dont le fond est occupé par les alluvions modernes. Les parois sont formées
par les calcaires coraliens. Au-dessus, le calcaire à astartes, puis les sables
verts avec nodules, et l'argile de gault. Limon sableux pour la fabrication des
briques. Quelques sources sans importance. - C. de Vitry

Nous lisons dans Mes Voyages en zigzag, de Bruge-Lemaitre : « Le chemin
qui longe le Foivre n'eut pas toujours l'état de tranquilité parfaite où nous le
voyons alors (écrit en 1884). Le 23 juin 1792, lorsque fut connue l'arrestation
de Louis XVI, les gardes nationaux de Saulces-Monclin, qui s'étaient adjoint
ceux de Vaux-montreuil, s'acheminaient vers Sainte-Menehould, « où il y a sang
et carnage,» disait la dépèche officielle conservée dans les archives d'Attigny.
Un pauvre aveugle, en tête, leur servait de tambour en jouant de la clarinette.
Il était guidé par deux compagnons de route qui, pour lui laisser le plus comp-
lètement possible sa liberté d'action, le conduisaient en laisse à l'aide de deux
cordelettes. Et le pauvre homme de suer sang et eau pour communiquer à sa
flute l'enthousiasme dont étaient animés les gardes nationaux qui brandis-
saient des armes extravagantes.

 «Les vignes qui s'échellonnent sur la pente des coteaux environnants sont,
sans doute, les dernières de la zone viticole ardennaise. Il paraît qu'en bonne
campagne, les vins qu'elles produisent sont fort estimés; malheureusement, la
quantité récoltée sur une quarantaine d'arpents ne suffit que d'une manière
bien incomplète à étancher la soif des producteurs.

 «Le Chesnois semble avoir pris son nom de quelques bouquets de chênes,
situés dans son voisinage. S'il était en son pouvoir de se rebaptiser, il décide-
rait probablement, aujourd'hui, de s'appeler Noyer ou Cerisier. Outre qu'il
est le pays aux noyers par excellence, il n'en est pas moins le pays aux ceri-
siers. Le Chesnois est, en effet, le centre d'un fort important marché aux
cerises. La halle où se tient ce marché occupe une grande partie de la place
publique, et n'est séparée du Foivre que par un chemin se dirigeant vers le
nord. Un grand orme s'élève au coin du pont qui sert à franchir le ruisseau.
Cet arbre semble être l'emblème du commerce fruitier de cette région. Le
versant oriental de la vallée nous conduit, par un excellent chemin, du Ches-
nois à Auboncourt-ès-Rivières; commune distincte avant 1828, maintenant
section. Le versant opposé nous montre des vignobles, tandis que le fond de
la vallée déroule à nos regards un tapis continu de belle verdure. Les noyers,
au second plan, paraissent avoir des proportions colossales; ils font l'ornement
d'un pays qui les regarde comme une source de richesses. Auboncourt, dont
la portion la plus élevée s'appelle le Piroli, occupe un promontoire de calcaire
corallien. Les pierres qui servirent à l'érection de cette localité furent extraites
du sol même, et sont par cela même, d'une haute valeur géologique. Une large
entaille pratiquée dans le flanc de la colline nous montre la composition de
ces roches calcaires. Coraux e madrepores nous apparaissent par fragments
énormes mesurant quelquefois un mètre cube. Une grande variété de testacés :
dicérates, moules, tellines, vis, huitres, oursins. La pâte calcaire est d'une
blancheur éclatante, mais l'inégalité de son grain, parsemé de nombreux vides,
n'en fait qu'une pierre à batir tout à fait secondaire...»

 Ecarts. - Auboncourt, 69 hab.- Le Pilori, 2 hab. - nom significatif rappe-
lant sans doute la puissance odieuse de quelque seigneur haut-justicier. - Le
Sault-Brûlé, 7 hab. - Sévricourt, 21 hab.; autrefois petit hameau que possé-
dait Jean de la Grève - la Grève est un écart de Saint-Marcel, - ainsi qu'il
résulte de son «aveu», 1324 et 1325, dans lequel il récapitule tout ce qu'il
«tenait» de Jeanne, comtesse de Rethel, par le douaire de sa femme. - Le
Fond de la Petite Vallée, où se trouve une fonaine dont les eaux ne jaillissent
qu'à d'assez rares intervalles : apparition qui, disent les anciens, annonçait
toujours une catastrophe, d'où on nom : Fontaine de Malheur

commentaire

La halle du marché aux cerises. L'orme centenaire (à droite).

Ci-contre une photographie de l'époque. On y distingue la halle du marché aux cerises ainsi que le grand orme (centenaire).

De nombreux noms ont évolué. On parle ainsi maintenant du Foivre et non du ruisseau de Foivre, de la Saule brulée et plus de Sault-brulé

Au vu des dates citées, ce texte a été écrit après 1884. Pourtant, le vignoble a été détruit par le phyloxéra entre 1860 et 1870. Or il n'y est pas fait allusion dans le passage à propos du vin local...

L'écart Sault-Brulé a disparu. La dernière construction encore debout de Sévricourt n'est plus habitéé.